Interview LM Magazine
November 6, 2022Le numéro N°181 de novembre 2022 est sorti vendredi dernier. Le magazine culturel LM Magazine HAUTS-DE-FRANCE & BELGIQUE est actuellement distribué (30.000 exemplaires dans 900 lieux culturels et de loisirs en France et en Belgique).
Article : http://www.lm-magazine.com/blog/2022/11/01/emilie-mori/
Interview : http://www.lm-magazine.com/blog/2022/11/01/emilie-mori-2/
Merci pour cette belle collaboration !
ITW Emilie MÖRI Photosensible
Passée par la prestigieuse école des Gobelins, à Paris, Émilie Möri collabore avec des agences de publicité, des maisons d’édition, de grandes marques et des magazines. En parallèle de ces créations, elle développe un travail plus personnel mêlant photographie et collage numérique. Oniriques, surréalistes et éminemment poétiques, ses compositions traduisent des émotions complexes et servent une multitude de thèmes qui lui sont chers, à l’image de la série Consciences, hommage aux femmes, à la Terre mère et la nature humaine.
Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?
Je suis née à Sarcelles, en région parisienne. J’ai grandi dans une famille nombreuse et mélomane. Mon père est artiste peintre et ma mère fait de la sculpture. J’ai commencé à dessiner et peindre à l’âge de six ans, mes loisirs étaient majoritairement liés aux arts plastiques. Je suis devenue graphiste. Puis, en 2010, je me suis intéressée à la photographie pour de petits reportages. C’est vite devenu un moyen d’expression indispensable et plus particulièrement lorsque j’ai découvert, deux ans plus tard, que ce médium et le collage permettaient la composition de tableaux imaginaires.
Comment définiriez-vous votre travail ? Comment avez-vous développé votre style ?
La photographie et le collage numérique sont des formidables outils. Ils permettent la création d’un monde dans lequel on peut (presque) tout dire. J’aime composer des images pour illustrer des émotions ou figer un instant. Je recherche la simplicité, illustrant une idée de la manière la plus minimale possible. On retrouve souvent mon œil de graphiste au cœur de mes créations.
Concrètement, comment travaillez-vous ?
J’ai de nombreux carnets dans lesquels je griffonne des idées avec des mots clés. J’aime aussi improviser avec ce que j’ai sous la main, c’est là que je m’amuse le plus ! Par exemple, cette image est composée d’une photo réalisée en 2008 et d’une autre en 2019. J’étais choquée du comportement pollueur de certains touristes sur cette plage. J’ai donc imaginé un iceberg se profilant à l’horizon, ayant la forme d’un requin, que j’avais vu en 2008 en Argentine. Ce collage vise à sensibiliser sur l’importance de l’évolution de la conscience collective face au réchauffement climatique.
Effectuez-vous un travail de retouche ?
Oui, cela offre tellement de possibilités ! J’aime la poésie dégagée par la fiction. Avec le temps, je limite toutefois les retouches pour créer des décors bien réels. C’est un exercice très stimulant, et ça permet de ne pas passer tout son temps derrière un écran !
Vos images sont également teintées de surréalisme, n’est-ce pas ?
Oui, Magritte m’inspire beaucoup. Montrer des personnages et des objets a priori inattendus interpelle, et laisse place au silence comme au questionnement.
Vous dites que votre travail s’oriente aujourd’hui vers “l’ataraxie au féminin, des songes et de l’intemporalité”. Comment cela se traduit-il ?
Ce que j’entends par l’ataraxie est un certain détachement du personnage. Un état contemplatif et serein. J’aime beaucoup les images que l’on ne peut pas situer dans le temps.
Pouvez-vous nous parler de la série Consciences ?
Je souhaitais réaliser des portraits serrés, en grand format. Cette série a été créée en collaboration avec Siân Pottok, fin 2019, dans mon studio, en utilisant des objets et végétaux à portée de main. Chaque triptyque illustre un thème précis, comme la liberté d’expression, de disposer de son corps, construction d’un foyer, le dérèglement climatique, la pollution… Ces images étaient finalisées en mars 2020, soit juste au moment du Covid. Nous avons malheureusement dû annuler les expositions prévues…
Parmi les images de notre sélection, pourriez-vous en commenter une ?
Je reviens souvent à cette série. Le personnage est calme, paisible et évolue dans un vide lumineux, un espoir. Il observe un mouvement au cœur de son monde imaginaire. J’utilise souvent un foulard rouge pour représenter un pensée (trop présente) ou une addiction.
Quels sont vos projets ?
Une nouvelle série sur le thème environnemental et la féminité. Je cherche d’ailleurs une résidence d’artiste à l’étranger, durant plusieurs mois, afin de réaliser ce projet.